Au temps où les dames fréquentaient assidûment les églises
Je vous parle d'un temps que les moins de vingt ans ne peuvent
pas connaître... Quand on se levait de bonne heure chaque
matin pour aller écouter la parole du Seigneur, quand on
ne ratait sous aucun prétexte la messe du dimanche.
Mais pas question de s'installer n'importe où sur les bancs de l'église.
On avait sa place réservée et son nom inscrit sur une plaque émaillée :
Pratique, ça permettait de choisir ses voisines !
Je dis « voisines » car je n'ai vu que des noms féminins écrits
sur les bancs de cette petite église de village.
Il est vrai qu'elle est bien attachante la petite église romane
de Saint-Génis-des-Fontaines (entre Le Boulou et Argelès-sur-Mer).
Ces dames devaient s'y sentir bien car l'atmosphère est particulière.
C'est le genre caverne, cocon, église primitive. Pas du tout le
genre pompeux qui impressionne les fidèles.
Elles devaient être fières de leur église, les dames de Saint-Génis.
La façade est fort intéressante :
On peut lire des inscriptions funéraires de part et d'autre de la porte
(avec des dates : 1307, 1271) et voir des pierres tombales qui
représentent le défunt couché, les bras croisés sur la poitrine.
Le linteau en marbre blanc, au-dessus de la porte, est la première
sculpture romane datée dans la pierre (1019-1020) :
Au centre, le Christ avec 2 archanges à ses côtés. Six apôtres
les accompagnent, debouts sous des arcades :
Les dames du temps jadis auraient pu également vous raconter
l'histoire du cloître qui jouxte l'église Saint-Michel :
Daté de la fin du XIIIe siècle, il a connu bien des malheurs.
Vendu comme bien national à la Révolution, il fut partagé
entre plusieurs propriétaires dont un antiquaire parisien.
Trois colonnes et leur chapiteau furent même offertes au Louvre.
Il faut dire que les chapiteaux sont fort beaux : on peut voir des
animaux, des petits personnages, des motifs végétaux, des sirènes...
Aujourd'hui, le cloître a été remis en état, comme à l'origine.
Un bel endroit qui fait le bonheur des touristes.