Le musée bigouden de Pont-l'Abbé
Le musée est installé dans la tour du château, dernier vestige
d'une forteresse du XIIIe siècle. Ce musée retrace l'évolution
du mobilier et des costumes des habitants de la région.
Le lit clos veille sur le sommeil des Bigoudens du milieu du XIXe siècle
jusqu'aux années 1930, avant que le souci d'hygiène et de moralité
ne le rende obsolète (il était parfois à 2 étages). Refaire le lit était
une opération très exceptionnelle. Un banc servait de marche-pied :
Bien sûr, il n'y avait ni sommier, ni matelas. Dans une caisse en bois, on
disposait une couche de fagots, de genêts ou de paille. Une couette
remplie de balle d'avoine était posée par-dessus tout ça, puis des draps
de chanvre bien rugueux, des couvertures et un édredon rempli de balle.
L'armoire et le buffet font leur entrée dans les fermes bigoudènes à partir
de la fin du XVIIIe siècle, seuls rangements avec le coffre-banc.
Dans la seconde moitié du XIXe siècle apparait un nouveau mobilier
dont la fonction n'est plus seulement utilitaire : vaisselier, horloge...
La table est dressée au plus près de la lumière du jour. Par souci
d'économie, la lampe à pétrole n'est allumée qu'en cas de besoin.
La forme de la table ne permet pas d'y passer les genoux : on s'assied en biais,
fesses en arrière, son écuelle de bois à la main. En hiver, certains mangent
près de la cheminée et en été, sur le pas de la porte.
Un ustensile bien breton : un tourniquet pendu au plafond ou posé
sur la table, sur lequel sont posées les cuillers en buis marquées d'un signe,
pour chaque membre de la famille. Remarquez également
l'originalité du petit buffet qui fait corps avec le banc.
La table sert à d'autres moments de la vie : accouchement, veillée funèbre.
Après la Première Guerre mondiale, le mobilier de la chambre évolue :
Le pays bigouden va complètement se métamorphoser après la Seconde Guerre.
Les femmes vont travailler dans les conserveries et veulent accéder au progrès.
Plus de mobilier typiquement breton, le règne du Formica va commencer...
Le musée bigouden de Pont-l'Abbé présente également une belle collection
de costumes traditionnels de la région et notamment les fameuses coiffes !
Dans les années 1830, la coiffe des femmes porte une pointe appelée
bigouden. Par extension, elle donnera son nom au costume puis au pays.
Dès les premières années du XXe siècle, les hommes adoptent la veste
et le pantalon associés au gilet et au chapeau rond.
Les dernières modes féminines se figent dans les années 1940-50
lors des derniers mariages en costume traditionnel.
Les hommes et les femmes superposent plusieurs gilets. Corselets sur un
corsage sans manches pour les femmes, gilet sous une veste courte pour
les hommes. Les plus riches font broder leurs vêtements de drap de laine.
Dès les années 1840, les Bigoudens portent en majorité le pantalon à pont
alors que leurs voisins portent les fameuses culottes bouffantes.
À partir des années 1860, le fil de soie remplace l'épais fil de laine ce qui
autorise de nouveaux points de broderie. Sur les gilets, l'encolure prend
une place prépondérante et en 1880 devient un plastron brodé.
Dès le début du XXe siècle, les corselets des femmes sont
remplacés par de grands gilets brodés.
La photo suivante montre l'évolution du costume des Bigoudènes :
À gauche : année 1920. Au milieu : année 1910. À droite : année 1890.
Regardons les coiffes de plus près.
En 1890, la coiffe toute petite est portée sur un bonnet brodé, avec
deux grands pans rouges qui retombent à l'arrière (les cheveux relevés
cachent la partie arrière du joli bonnet rouge) :
En 1910, la coiffe prend de la hauteur et le bonnet
est entièrement caché par les cheveux :
En 1920, la coiffe prend encore de la hauteur :
Son évolution sera spectaculaire : s'élevant chaque année de près d'1 cm,
la coiffe atteint 38 cm dans les années qui suivent la Seconde Guerre.
On imagine facilement ce que cela pouvait donner par grand vent !
Pour vous donner une petite idée de la façon dont on installe cet échaffaudage
sur sa tête, vous pouvez cliquer LÀ. Admirons au passage la beauté
de cette broderie blanche réalisée à la main bien entendu.
Dans les années 1900-1920, la mode privilégie aux riches broderies
éclatantes, le noir si chic du velours de soie.
Le costume reflète, bien entendu, la position sociale de celui ou de celle
qui le porte. Pour de nombreux Bigoudens, les gilets de drap noir,
plus ou moins usés, sont le lot de la majorité.
Voici quelques magnifiques gilets brodés :
Un couple d'enfants bigoudens :
Très tôt, la petite fille porte le costume de sa mère. Elle quitte le bonnet
pour la coiffe dès que la longueur de ses cheveux le permet.
Le petit garçon porte le pantalon dès qu'il est propre et le même
chapeau que son père. Noir ou brodé selon la richesse de sa famille,
son gilet comporte des manches contrairement à celui des hommes.
Si comme moi vous aimez les arts et traditions populaires, alors
n'hésitez pas, une visite au musée bigouden de Pont-l'Abbé s'impose.