Dans les armoires de Joséphine
J'ai eu la chance de voir l'exposition Dans les armoires de Joséphine,
au château de Rueil-Malmaison. Il était temps, c'était l'avant-dernier jour !
Cette exposition rassemblait une cinquantaine de costumes et accessoires
du Premier Empire rarement présentés du fait de leur extrême fragilité.
Exceptionnellement, on pouvait admirer de nombreuses pièces textiles
ayant appartenu à l'impératrice Joséphine et à sa fille Hortense
dans le lieu même où elles vécurent.
L'exposition commencait dans la salle des atours. Dans cette petite salle,
11 grands placards, certains à usage de penderie, les autres avec des tiroirs
et des étagères pour entreposer les toilettes de sa majesté.
Un lieu authentique conservé en l'état.
Elle ne se rendait pourtant dans cette pièce que très rarement puisque
ses femmes de chambre lui apportaient ses vêtements dans ses appartements.
Une fois par an seulement, elle y montait pour examiner sa garde-robe et pour
redistribuer à son entourage les pièces qui ne lui plaisaient plus.
En 1814, on compte 579 mouchoirs dans les atours de l'impératrice (dont
70 brodés. Ils sont reprisés quand cela est nécessaire :
Au début de 1809, Joséphine possède 332 paires de bas (dont 232paires
en soie blanche, rose ou noire).
Vous remarquerez que ces bas sont brodés : un J couronné brodé
au point de croix, au fil rouge et la date 1811 pour le bas ci-dessus.
Certains ont même conservé leur patte d'accrochage pour la jarretière.
Au fil blanc, une marque suivie du mot Paris.
« Elle se levait à 9 h ; sa toilette était fort longue... Ses chemises, ses jupons étaient
brodés et aussi garnis. Elle changeait de chemise et de linge trois fois par jour. »
(Mémoires de Mme de Remusat 1802-1808, dame du palais)
En tant qu'impératrice, Joséphine se devait de soutenir le commerce du luxe
en répartissant ses dépenses entre de nombreux marchands.
Des livres de dépenses ainsi que des factures ont été conservés :
Parler des vêtements de Joséphine, c'est évoquer sa passion immodérée
pour les toilettes mais c'est aussi rappeler son élégance parfaite.
On pouvait admirer de somptueuses robes et manteaux de cour :
Tulle de soie blanc brodé de lame dorée.
Manteau de cour en velours rouge rebrodé de fleurs argentées.
Un autre somptueux manteau de cour avec des broderies exceptionnelles :
Tulle de soie blanche brodé de lame argentée.
Des cornes d'abondance en relief que l'on voit un peu mieux ci-dessous :
Robe de cour en tulle lamé argent.
Joséphine va réinventer la robe-chemise déjà à la mode avant la Révolution
et renouer avec le style antique. La simplicité est de mise, pas de fanfreluches
mais des robes très féminines qui mettent en valeur le corps.
Robe en mousseline brodée attribuée à Joséphine.
Elle eut de nombreuses robes en mousseline, tissu très prisé
sous le premier Empire. En 1809, elle en avait 70.
Les manches ballons mettaient en valeur ses bras et la taille haute, sa poitrine.
(M. Moutie qui n'a pas les yeux dans sa poche m'a fait remarquer qu'elle
devait avoir deux petits œufs sur le plat...).
Et pour accompagner tous ces beaux atours, il fallait des écharpes, des châles :
Châle de soie de la reine Hortense.
et des chaussures bien sûr :
Chaussures de la reine Hortense.
Joséphine en avait des semblables en rose et en blanc.
Bottines de l'impératrice Joséphine. Fourrure de martre.
Les semelles de ces bottines portent des traces d'utilisation.
En 1814, on note 15 paires de bottines lors de l'inventaire de la salle des atours.
La mère et la fille avaient des pieds très menus et compte tenu de la fragilité
de leurs chaussures, elles n'étaient probablement pas de grandes marcheuses.
Mes photos sont de mauvaise qualité car les vêtements étaient dans des vitrines,
dans la pénombre. J'espère qu'elles vous ont donné tout de même une petite idée
de l'exceptionnelle qualité de cette exposition.