L'histoire négrière au coin de la rue
Seconde ville en France après Nantes quant à l'intensité de son trafic
au XVIIIe siècle, la traite négrière a laissé à La Rochelle
une empreinte forte.
Cette empreinte a longtemps été oubliée. Mais depuis 1982, notamment
avec la création du musée du Nouveau Monde, la ville regarde en face
son passé négrier.
Promenons-nous dans le centre ville le nez en l'air et arrêtons-nous
devant certaines plaques de rues.
Jacques Rasteau, grand armateur-négociant rochelais au XVIIIe siècle, fit
fortune en se livrant à toutes sortes de trafics dont la traite négrière.
Jacques Rasteau et sa lignée illustrent parfaitement le triomphe
d'une bourgeoisie capitaliste marchande du XVIIIe siècle.
Louis-Benjamin Fleuriau ne fut jamais impliqué dans la traite négrière
et n'eut que le tort d'être l'héritier de sa famille.
Son ancêtre Aimé-Benjamin Fleuriau devint très riche grâce
à sa « réussite coloniale ». À sa mort, en 1787, il était propriétaire d'une
douzaine de maisons au cœur même de La Rochelle.
Le musée du Nouveau Monde est donc la maison de famille des Fleuriau.
Hôtel Fleuriau façade.
Deux ailes encadrent le portail d'entrée (ce que l'on ne voit pas sur ma photo).
Une autre grande famille rochelaise qui a fait fortune grâce au commerce
triangulaire : les Admyrauld.
Le commerce triangulaire désigne les échanges entre l'Europe, l'Afrique
et les Amériques, mis en place pour assurer la distribution d'esclaves
noirs aux colonies du Nouveau Monde.
Durant près de 350 ans, des millions d'hommes, échangés contre des produits
européens, sont déportés d'Afrique, transportés à fond de cale comme
des marchandises, pour fournir de la main-d'œuvre aux colonies
du Nouveau Monde et produire à moindre frais les denrées
coloniales rapportées ensuite en Europe.
Entre 1760 et 1792, 120 bateaux partent de La Rochelle pour l'Afrique.
Ils se nomment le Saphir, l'Armide...
Les Admyrauld, Rasteau, Fleuriau, entre autres, commercent
principalement avec l'île de Saint-Domingue. La dernière expédition a lieu
en 1792. La révolte des esclaves en août 1791 à Saint-Domingue ayant
provoqué la ruine de nombreux planteurs.
Si ce sujet vous intéresse, plus de renseignements ICI
ou encore LÀ.
Dans un prochain message, nous nous promènerons, si vous le voulez bien,
dans le centre ville de La Rochelle à la recherche de quelques beaux
hôtels particuliers témoins de l'enrichissement des grandes
familles commerçantes du XVIIIe siècle.